- Citation :
FLASH BACK
Vendre, était devenu le mot d’ordre de Steven Jackson depuis une semaine et demi.
Vendre pour oublier.
Vendre pour ne plus penser.
Vendre pour esquiver son domicile et sa femme.
Vendre pour ne pas déambuler pendant des heures dans le parc dans l’espoir de tomber de nouveau sur Raegan. Steven était devenu l’ombre de lui-même. Narquois, méchant, trop souvent sur les nerfs, le jeune homme n’arrivait tout simplement plus à rester bien sagement assis dans son existence à laisser le destin choisir pour lui. Qu’est ce qui pouvait prendre autant de temps à la jeune femme pour prendre une décision ? Pourquoi ne l’avait-elle toujours pas rappelée ? La patiente n’avait jamais vraiment été son fort et il commençait à se sentir légèrement oppressé. Ses cravates n’étaient plus nouées depuis une bonne semaine, ses chemises n’étaient plus boutonnées entièrement depuis deux jours sous prétexte que Steven avait sans arrêt chaud. Son apparence laissait tout simplement à désirer, puisque Maëlys se trouvait être désormais la seule chose qui lui donnait envie de se lever le matin. Il tournait ainsi comme un lion en cage dans sa propre existence. Et il n’allait pas tarder à envoyer son satané téléphone par la fenêtre s’il ne se décidait pas à sonner. L’espoir, c’était bien sympathique trente secondes, mais il n’était pas apte à donner des réponses à ses questions. Aujourd’hui plus que n’importe quel jour, Steven avait besoin de réponses. Allait-il pouvoir se défaire de ce fardeau en rencontrant sa fille au plus vite ou allait-il devoir apprendre à vivre avec au jour le jour ?
Cette question tomba d’ailleurs à pic, retentissant en même temps que la sonnerie de son téléphone. Du bon vieux AC/DC rien de mieux pour décompresser avant de se décider à décrocher.
Numéro inconnu. Cela semblait être bon signe pour lui et ça l’était lorsque Steven reconnut la voix de Raegan à l’autre bout du fil. «
- Oh salut, j’attendais plus ton appel. » Décidément, il était infoutu de garder ses émotions pour lui, et ressentait toujours le besoin de faire comprendre son ressenti à son interlocuteur d’une manière ou d’une autre. S’il avait été fort lorsqu’elle lui avait appris et avait cru pouvoir vivre sans connaître sa fille, c’était foutu… Il savait à présent qu’il en serait totalement incapable et espéra que la jeune femme lui apportait finalement une bonne nouvelle. «
- C’est gentil de me ménager mais tu peux sauter cette étape, j’en ai marre d’attendre et je n’en ai pas besoin. Je suis assez grand pour encaisser, et ça ne pourra pas être pire que l’état dans lequel je suis maintenant. » Tenter d’être gentil en lâchant une phrase pour calmer la situation, cela pourrait peut être l’aider à ne pas lui balancer en pleine figure qu’elle ne tenait pas à ce qu’il voit Maëlys, et qu’elle comptait rentrer sans lui.
Autant tenter le tout pour le tout. «
- Ca me fait plaisir de t’entendre en tout cas. » Simple, soft, vrai. Steven jugea que cela devrait faire l’affaire tandis qu’il se levait pour aller fermer la porte de son bureau, mieux valait être prudent.
***
Bien que les choses étaient compliquées à l’heure qu’il était, Steven se sentait léger et bien dans ses pompes. Aujourd’hui était comme qui dirait «
le premier jour du reste de sa vie ». Il allait enfin pouvoir rencontrer cette petite fille qui comblait ses pensées depuis plus de deux semaines. Tout avait été planifié avec sa mère, pour évincer les différents obstacles qui pourraient se mettre sur leur route. Eterà, par exemple. Toujours là quand il ne fallait pas celle-là pour venir rajouter du piquant là où il n’y en avait pas besoin. «
- Oublie pas de m’appeler mon amour. » L’ironie dans sa voix avait évidemment été de rigueur tandis que Steven finissait de boucler sa valise, prêt à lever le camp, sans daigner lui répondre. «
- Tiens, tu as oublié ça, il me semble. » Premier faux pas pour Steven. Eterà avait découvert la peluche qu’il avait achetée dans l’intention de l’offrir à sa fille s’il était amené à la voir. «
- T’as fini de faire chier le monde ? Tu voudrais quand même que je rate mon vol ? » Il reprit la peluche des mains d’Eterà et la camoufla dans son sac avant de descendre les escaliers. «
- C’est tout de même étrange, acheter une peluche pour un voyage d’affaires ? Tu as peur de faire des cauchemars sans ta femme à tes côtés ? Fais attention, tu es entrain de te ramollir mon amour. » Bien qu’il aurait du lui répondre pour faire taire ses soupçons, Steven choisit de partir sans se retourner et sans lui adresser la parole. Le ton qu’elle employait ne lui plaisait guère, mais il n’avait pas le temps pour ses enfantillages s’il ne voulait pas rater son vol. «
- Connasse. » Une parole prononcée tandis qu’il claquait la porte de son domicile derrière lui.
Montant dans le taxi presqu’au même instant que Raegan à l’autre opposé de la ville, il indiqua sa destination au chauffeur, puis laissa son regard se perdre à travers le paysage qui défilait par la fenêtre. Pensif, il s’imagina faire ce chemin dix années plus tôt alors que Raegan était toujours enceinte, et tenta d’imaginer comment la situation aurait été aujourd’hui. Il serait probablement installé avec elle à San Francisco, serait peut être devenu pompier et moins amer par rapport aux différents événements qui pouvaient se dérouler dans sa vie. La situation aurait très certainement été plus agréable que la situation actuelle. Mais il chassa très vite cette pensée tandis qu’il arrivait à destination, ce n’était pas le moment de rejeter sa haine sur la jeune mère, et encore moins prendre le risque de la faire changer d’avis. Instinctivement, il prit la direction de l’embarcadère sans prendre la peine de regarder qui venait de lui envoyer un message. Une urgence était vite arrivée et il n’avait pas envie que quoique ce soit le retienne à Perth. Il avait besoin d’air, et de changer d’environnement. Cette nouvelle était tombée certes comme un cheveu sur la soupe, mais au bon moment. «
- Raegan ? » Une silhouette ressemblant à rigueur se profilait devant lui, et son premier réflexe fut de l'interpeller. Ne semblant pas l'avoir entendu, il se rapprocha alors, plus confiant à chacun des pas qu'il accomplissait. Cete chevelure brune retombant en masse sur les épaules de la jeune femme, il aurait pu la reconnaître entre mille. Il s'agissait bien de Reagan, tant mieux pour lui, cela lui éviterait de la chercher pendant des heures et de stresser pour rien. «
- J’ai eu peur de te rater, ça me fait plaisir de te voir. Comment tu vas ? » Oui, Steven semblait toujours ravi de faire avoir à la jeune femme. Est-ce seulement du respect envers cette dernière ? Très certainement. Du léchage de botte ? Certainement pas. Il avait dépassé ce stade depuis longtemps. «
- Elle est au courant que je viens avec toi d’ailleurs ? »